PREAMBULE

 

En 1852, le gouvernement avait manifesté l'inten­tion d'établir un lycée dans chaque département.

Le conseil municipal d'alors s'était empressé de former une demande en faveur du chef-lieu et s'était hâté de voter un emprunt de 400 000 F.

On projeta d'établir le lycée sur un terrain "achetépar la ville en 1846, à l'extrémité du quartier Saint-Etienne, emplacement le plus convenable et le mieux choisi au point de vue de la salubrité et du pittoresque.

Mais le gouvernement ayant ensuite abandonnéson projet, notre ville ne pouvait plus compter sur une sub­vention de l'Etat, et sa situation financière ne lui permettait pas de faire, sans aide, une aussi lourde dépense ; c'est ainsi que Saint-Quentin, ville riche et industrielle, n'éprouvant pas les mêmes difficultés, a été dotée d'un lycée, quoiqu'elle soit à l'extrémité du département, tandis que Laon en était au centre.

 

(Extrait du discours de Charles BERTHAULT, juge honoraire, conseiller municipal, prononcé le 3 août 1882, à la distribution des prix du Collège)

 

CONDITIONS MISERABLES DU COLLEGE DE LAON VERS 1880

 

Le collège municipal de garçons est logé depuis 1808 dans de très anciens bâtiments où s'étaient instal­lées en 1235 les religieuses de l'ordre du Val des Ecoliers, puis de 1608 à 1791, les religieuses du couvent des Minimes (1).

Des conditions générales et des conditions locales intimement mêlées entraînent inexorablement la décadence de cet établissement secondaire.

1/ Le collège est installé dans des locaux vétustés et insuffisants.

"Les dortoirs sont encombrés et sales, les deux "cours de récréation sont étroites, brûlées par le "soleil en été, boueuses en hiver, les classes et les "études sont mal éclairées" (Rapport du Ministre de l'instruction publique - DURUY - 1866) (2).

Sur la cinquantaine de pensionnaires, nous "devrions enjoindre au Principal d'en congédier peut-être le quart ; dans les dortoirs, en effet, les lits se trouvent à quarante centimètres les uns des autres" (Rapport du recteur de Douai - 1868) (2).

(1)   à l'extrémité orientale de la rue Vinchon, aujourd'hui bâtiments militaires.

(2)   René ROBINET, archiviste, devant l'assemblée de l'as­sociation des anciens élèves du lycée, le 23 avril 1967.

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Le collège actuel n'est qu'un assemblage de mesures dont l'aspect effraye et éloigne les familles. Pour cette raison, la population scolaire ne dépasse pas 180 élèves, alors que les établissements libres de la région, tenus par des ecclésiastiques, renferment trois "ou quatre cents élèves (Inspecteur d'Académie - 1881) (2).

2/ Les professeurs, soumis aux vexations d'une adminis­tration tatillonne et inhumaine, à la surveillance d'une bourgeoisie à l'esprit étroit, mal payés par une ville aux ressources insuffisantes, changent constamment : les meilleurs passent très vite, les médiocres seuls restent" (2).

3/ Le collège subit une rude concurrence de la part de deux institutions libres laïques (Institution ROUTIER et Institution MOUCHERON) qui drainent chacune de 60 à 80 élèves, dont la moitié pensionnaires, et surtout de 1'institution religieuse Notre-Dame. En face du collège s'élève et grandira, en raison directe de notre faiblesse, un établissement tenu par des prê­tres, qui exploitera, avec l'habileté connue, notre état d'infériorité" (Inspecteur d'Académie - 1867) (2).

En 1881, la municipalité de Laon va jouer de la corde anticléricale auprès de Jules FERRY, Président du Conseil et ministre de l'Instruction Publique, pour obtenir un lycée neuf en remplacement de son vieux collège.

 

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Dans la séance du Conseil Municipal du 11 février, le maire GLATIGNY entretient pour la première fois ses collègues d'un éventuel lycée. Voici les termes de son exposé :

 

"Messieurs,

Le conseil municipal a répondu, l'année dernière, à des questions qui lui étaient posées par 1'Administra­tion académique relativement à l'amélioration de son collège, et a fait connaître dans quelle mesure la Ville était disposée à contribuer aux dépenses nécessaires. En même temps, M. Georges ERMANT, architecte, a été chargé de préparer les éléments d'un devis estimatif de ces dépenses, et il en a déjà recueilli une partie. L'amélioration dont il s'agit exigera de grands sacrifi­ces, mais il est évident que, si importants qu'ils soient, les résultats seront beaucoup moins satisfai­sants pour la Ville que si elle pouvait appliquer des sacrifices plus grands encore à l'érection de son collège communal en lycée. M. ROUSSEAU, adjoint, et moi-même, avons déjà tenté des démarches officieuses dans "ce sens, et nous croyons que le moment est venu de donner un caractère officiel à ces démarches qui, ce nous semble, pourront être favorablement accueillies par le gouvernement, en égard aux efforts considérables que notre Ville ne cesse de faire dans l'intérêt de l'instruction publique.

Nous vous proposons donc d'émettre le voeu que le collège communal de Laon soit érigé en lycée, afin d'as­seoir sur des bases larges et solides, au centre du dépar­tement de l'Aisne, un établissement d'enseignement secondaire en état de faire dans l'intérêt de l'éducation nationale, un puissant contrepoids aux institutions libres qui seraient animées d'un esprit peu en rapport avec celui de nos institutions républicaines.

Si, comme nous aimons à l'espérer, ce voeu est pris en considération, l'administration universitaire nous fera connaître les conditions auxquelles l'affaire peut être régulièrement instruite, et nous donnera en même temps communication des programmes relatifs aux bâtiments "ainsi qu'au mobilier usuel et scientifique à fournir. Quant aux ressources à appliquer aux dépenses, la loi du 3 juillet 1880 (1), vous le savez, nous en faciliterait la création.

 

(1) L'article 13 de la dite loi - qui crée une caisse des lycées, collèges et écoles primaires pour procurer aux départements et aux communes des subventions et avances remboursables en vue de la construction d'établissements d'instruction - stipule que les avances faites pour 30 ans au plus, seront remboursables au moyen d'un versement se­mestriel d'une somme de deux francs par cent francs em­pruntés, versement qui continue pendant 60 semestres, libérera la commune en intérêts et amortissement.

 

Après avoir entendu l'exposé du maire, l'assemblée communale de Laon, à l'unanimité, prend la délibération suivante :

"Le Conseil,

"Considérant - que depuis longtemps les habitants de la Ville de Laon désirent l'érection du collège communal en lycée,

- que cette ville est au centre d'une région dont la population est considérable et qui n'a à sa disposi­tion que le lycée de Saint-Quentin, dans une situation excentrique, ou des lycées dans les départements voi­sins,

que Laon est tête de ligne de quatre chemins de fer d'intérêt général et que deux autres chemins très importants y aboutiront prochainement,

- que Laon, comme centre administratif et judi­ciaire, et comme ville de garnison, est la résidence de fonctionnaires civils et militaires, d'officiers et de familles qui généralement cherchent à préparer leurs enfants, au moyen d'une instruction aussi complète que possible, à être reçus dans les diverses écoles de l'Etat,

- que deux fois l'administration municipale de Laon a été, antérieurement à 1870(1), invitée par l'autorité supérieure à créer un lycée, mais que, par une très regrettable appréciation de la question, elle n'a pas déféré à cette invitation ; que l'administration actuelle, convaincue de l'extrême utilité de la création dont il s'agit, se croit fondée à se prévaloir de l'offre faite à ses prédécesseurs ;

- émet le voeu proposé par M. le Maire pour l'érection du collège communal en lycée et déclare que la ville est disposée à faire, pour la réalisation de ce voeu tous les sacrifices qui lui seront possibles, avec l'appui bienveillant et l'aide du gouvernement (2)».

 

26 MARS

Le recteur de 1'Académie de Douai inspecte en dé­tail les bâtiments du collège avec l'architecte de la Ville, Georges ERMANT (3).

(1)  1811 et 1836

(2)  une circulaire ministérielle du 18 août 1880 prévoit que la part contributive de 1'Etat dans les dépenses à effectuer pourra s'élever à 50 % de ces dépenses.

(3)  Fils d'un maître menuisier de Laon, après de solides études au collège, passe ses examens d'architecte et ne tarde pas à se faire remarquer tant à Laon que dans la région pour ;ses travaux concis et exécutés avec un art et un goût parfaits (plusieurs ont disparu dans les bom­bardements de 1944).

 

1er AVRIL

Le maire entretient le conseil des divers emplace­ments qui paraissent susceptibles de recevoir les vastes constructions d'un lycée ; la question est renvoyée à l'étude d'un comité compétent.

 

10 JUIN

Le maire expose à 1'assemblée communale la situa­tion :

1/ L'architecte ERMANT a présenté 4 plans indiquant :

1)  1'état actuel et les abords des terrains sur lesquels le lycée pourrait être établi ;

2)  la surface des terrains à acquérir et leurs abords ;

3)  les cotes des surfaces de ces mêmes terrains ;

4)  la topographie de la ville de Laon et la situa­tion de 1'emplacement du lycée.

Ces terrains d'une contenance approximative de 1 ha 69 ares 48 ca, sont situés dans le quartier Saint-Etienne, ce sont les seuls qu'il soit possible "de trouver sur le plateau de notre montagne dans des conditions d'étendue suffisantes, d'exposition excel­lente et d'accès facile de divers côtés.

L' emplacement sera isolé de toutes parts et bordera au Nord une place publique et une large rue, à l'Ouest un boulevard le séparant de la nouvelle Ecole Normale, à l'Est un jardin, et au Midi la très large avenue de la République....

2/ Les dépenses peuvent être évaluées à 1 500 000 francs somme comprenant l'achat des terrains, les travaux de construction et l'ameublement.

En conséquence, le conseil confirme le vote du 11 février et le complète par la déclaration suivante :

"La ville offre :

1) d'édifier sur l'emplacement désigné aux plans ci-dessus mentionnés un lycée conformément à des plans et devis arrêtés par M. le Ministre de l'Instruction publique, et ce jusqu'à concurrence d'une dépense totale de 1 500 000 frs, à laquelle somme l'Etat contribuerait dans la proportion prévue par la cir­culaire ministérielle du 10 août 1880 et dont le surplus serait avancé à la ville par la Caisse des Lycées, Collèges et Ecoles primaires, dans les conditions de la loi du 3 juillet 1880, caisse à laquel "le la dite ville ferait en trente ans au plus le "remboursement de son avance au moyen de prélèvements sur les recettes ordinaires et extraordinaires du budget communal.

2) de prendre à sa charge les grosses réparations des bâtiments du lycée qui, une fois construit et meublé, resterait sa propriété, le renouvellement du mobilier incombant à l'Etat.

3) de créer et entretenir, pendant dix ans, suivant les instructions ministérielles, dix bourses au prix moyen de 700 frs chacune.

 

18 JUIN

Le Conseil académique siégeant à Douai est saisi des voeux exprimés par le conseil municipal. Son avis sera transmis au Conseil supérieur de l'Instruction publi­que.

 

8 JUILLET

Dans une séance extraordinaire du conseil municipal, le maire GLATIGNY fait le point :

-  la délibération du 18 juin a été transmise avec avis très favorable, par le Préfet et l'Inspecteur d'aca­démie, au Gouvernement et à l'administration universi­taire .

- Accompagné des deux adjoints ROUSSEAU et LEFEVRE, et de l'architecte Georges ERMANT, il a obtenu des préci­sions sur les moyens pratiques de réaliser le projet, de la bouche même du directeur de 1'enseignement secondaire (l'entrevue a été ménagée par le député de Vervins, TURQUET, sous-secrétaire aux Beaux-Arts).

Ainsi les frais d'ameublement d'un lycée doivent être estimés actuellement à un chiffre presque double de celui qu'indiquent les documents dont nous avions eu connaissance. En conséquence, à l'unanimité, le con­seil municipal vote une résolution qui reprend l'offre du 18 juin, mais en modifie le 1) en ces termes :

1) d'établir sur l'emplacement désigné aux plans pro­duits à l'appui de la délibération du 10 juin dernier un lycée conformément à des plans et devis à dresser suivant les instructions de l'administration universitaire et à soumettre à son approbation, et ce moyen­nant une dépense approximative de 1 600 000 frs pour construction et ameublement, à laquelle s'ajouterait celle des acquisitions de terrains ; la part contributive de l'Etat formant la moitié de la valeur de l'immeuble actuellement occupé par le Collège communal, valeur qui serait déterminée, soit par le prix de vente en cas d'aliénation par la Ville, soit par une estimation contradictoire si ledit immeuble était affecté à un autre service d'utilité communale."

Une ampliation de cette décision est adressée au directeur de 1'enseignement secondaire pour être soumise à l'examen du Conseil supérieur de l'Instruction publique, convoqué pour le 18 juillet.

 

(extrait d'un article du quotidien "Courrier de l'Aisne")


 

20 JUILLET

Le Conseil supérieur de l'Instruction publique donne un avis favorable à la transformation en lycée du collège de Laon.(J.O. partie non officielle)

Cette décision va exciter quelque mécontentement dans la ville de Soissons qui était également en instance pour obtenir un lycée. Ce mécontentement trouve un organe dans "L'Argus Soissonnais" qui écrit que la municipalité de Soissons a été "jouée" par celle de Laon, que la question a été "escamotée" par le Conseil supérieur, que Laon est à proximité de Reims où il y a un lycée.

 

24 JUILLET

"Courrier de l'Aisne", journal laonnois, termine sa "Réponse aux Soissonnais" en rassurant ses lecteurs sur le coût du lycée.

La réfection de notre collège actuel eût entraîné une dépense immédiate de 4 à 500 000 frs. De plus, le collège demeurant communal, nous aurions eu perpétuellement la charge des dépenses annuelles, per­sonnel, réparations locatives, etc, etc..., qu'on peut évaluer en ce moment à 30 000 frs par an et qui n'au­raient pas tardé à s'accroître.

Admettons que la création du lycée coûte 1 600 000 frs, terrain à part. Sur cette somme, la moitié, soit 800 000 frs, nous sera donnée, à titre "de subvention ferme, par l'Etat. Quant à l'autre moitié, elle nous sera prêtée sous forme d'avance remboursable en 60 semestres ou 30 ans, à raison de 4 % par an. Nous aurons à payer par an 32 000 frs, c'est-à-dire un peu plus que ce que nous coûte en ce moment l'entretien annuel du collège communal ; mais "après 30 ans, nous n'aurons plus rien à payer... sauf les grosses réparations des bâtiments, ce qui "est naturel puisque la Ville restera propriétaire de l'immeuble.

 

27 JUILLET

L'Argus Soissonnais fulmine toujours à propos de la question du lycée à Laon et s'en prend à TURQUET, sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts, député de l'arron­dissement de Vervins, qui n'aurait pas défendu Soissons. "Le Républicain Soissonnais" constate que "L'Argus Soissonnais" qui a toujours critiqué les lois FERRY - est mal venu de s'en prendre au ministre qui aurait refusé d'écouter la délégation chargée de présenter des revendications au sujet de l'établissement d'un lycée à Soissons.


28   JUILLET

Le "Journal de l'Aisne" (rue Sérurier à Laon) reproche aigrement au député TURQUET d'avoir cherché à se procurer une réclame électorale en prêtant son con­cours aux démarches de la municipalité laonnois en vue de la création d'un lycée de chef-lieu.


29   JUILLET

Réponse de "Courrier de l'Aisne" : jamais on n'a poussé si "loin l'esprit de parti"..., le député TURQUET n'ayant vu que l'intérêt des enfants de son arrondisse­ment. "Il faut croire, d'après cela, que le "Journal de l'Aisne" réserve son appui aux candidats qui se feront une règle de conduite de ne s'entremettre en quoi que ce soit dans les affaires qui touchent leur circonscrip­tion" .

 

-1882-


1er MARS

A Soissons, on nourrissait toujours l'espoir que le Conseil supérieur de l'Instruction publique reviendrait sur sa décision première concernant la création d'un lycée à Laon.

Dans le n° du 1er mars, "L'Argus Soissonnais" infor­me ses lecteurs de 1'échec des démarches faites par les Soissonnais pour arriver à leur but. Le 27 février, les délégués du conseil municipal, accompagnés du député de l'arrondissement de Soissons, ont été reçus par le Sous-Secrétaire d'Etat au ministère de l'Instruction publique qui leur a déclaré : "Le second lycée de l'Aisne sera construit à Laon. Cette décision est irrévocable".

 

3 AOUT

Extrait du discours prononcé par Charles BERTHAULT, juge honoraire, conseiller municipal, à la distribution des prix du Collège :

"Le projet de construction du lycée soumis à l'examen du ministre de l'Instruction publique, en est revenu tout récemment pour recevoir quelques modifications de détails ; il lui sera incessament retourné avec les changements demandés".


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Par décret du Président de la République, Jules GREVY, en date du 6 JANVIER, le collège communal est érigé en lycée et les propositions du conseil municipal sont acceptées, en ce qui concerne les frais de pension, de demi-pension et d'externat. Avant de commencer l'exé­cution du lycée, il reste encore à remplir d'importantes formalités, notamment pour l'acquisition des terrains et pour les mesures financières.

Extraits du décret

Art. 1 : Le Collège de Laon est déclaré Lycée national.

Art. 2 : Le Lycée de Laon sera organisé après qu'il aura été reconnu contradictoirement par les délégués de 1'administration municipale et par ceux du Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts que les bâtiments sont complètement achevés, conformément aux plans qui seront approuvés, et pourvu de mobilier usuel et scientifique déterminé par les règlements.

Art. 3 : Les prix de pension sont fixés ainsi qu'il suit :

                                  pension                    demi-pension                   externat

Division élémentaire         700 F                        400 F                              50 F

Division de grammaire      750 F                        450 F                             100 F

Division scientifique          800 F                        500 F                             120 F


En exécution d'un arrêté préfectoral du 8 MARS, il est procédé le dimanche 8 avril en l'Hôtel de Ville àune enquête de commodo et incommodo sur le projet de cession à l'Etat de la parcelle de terrain communal dépendant du Champ St-Martin en échange d'un terrain do­manial situédans le quartier St-Etienne et destiné à compléter l'emplacement du lycée.

 

7 AOUT

Extrait du discours prononcé par le député Gaston GANAULT à la distribution des prix du collège, qu'il présidait :

  

"L'Etat et la Ville de Laon, associant leurs efforts,vont doter le département d'un second lycée (1). Les plans et les devis dûs au crayon d'un de vos anciens"..... sont aujourd'hui définitivement approuvés.

L'année 1884 verra donc certainement poser la pre­mière pierre de ce lycée de Laon, qui, aux dires d'un de nos ministres de l'Instruction publique, sera l'un des plus beaux de France, des mieux situés, des mieux aménagés.

(1) Il y a un lycée à Saint-Quentin.

 

L'organisation d'un lycée à Laon, c'est le nombre des élèves porté dès le début à 100, à 150 pensionnaires .... C'est l'élévation des études .... C'est un matériel scientifique plus complet mis à la disposition des professeurs.

 

20 OCTOBRE

Le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts approuve le dossier relatif au projet de construc­tion du lycée de Laon. La dépense totale, évaluée à 2 057 089 frs 23, sera partagée par moitié par la ville et l'Etat. Le gouvernement accorde en conséquence une subvention de 1 028 544 frs 61, à la commune qui est admise à emprunter à la caisse des Lycées et Collèges une somme de 1 018 000 frs, montant de sa part contribu­tive, en numéraire, dans les frais d'installation du lycée. Cette somme sera prélevée sur le fonds de 50 400 000 frs voté par le Parlement ; mais la Ville devra préalablement obtenir la loi nécessaire pour auto­riser l'emprunt et les moyens d'amortissement, loi que le conseil municipal a de nouveau sollicitée par délibé­ration du 14 août dernier.

 

26 NOVEMBRE

Le gouvernement dépose, en séance, sur le bureau de la Chambre des Députés, un projet de loi autorisant la ville de Laon :

1) à emprunter 1 018 000 frs,

2) à rembourser 8 300 frs en 1884 et 1885,

3) à s'imposer extraordinairement pendant 28 ans à 15 cen­times pour la construction du nouveau lycée.

 

4 DECEMBRE

Le député de l'Aisne FOUQUET dépose le rapport de la 18 ème Commission d'intérêt local sur le projet ci-dessus, qui tend à son adoption par la Chambre des dépu­tés .

 

6 DECEMBRE

Adoption du projet par 283 voix contre 132.

L'opposition au projet a été menée par la droite qui argumente ainsi :

"Il s'agit de donner a un département qui a deja un lycée, un autre établissement du même genre ; il s'agit d'établir un lycée dans une ville de 12 000 habitants, il s'agit de transformer un petit collège qui a seulement 160 élèves en un lycée et le tout

avec une dépense de 2 millions"          

"Si vous refusez à la ville de Laon ce qu'elle demande, le projet sera ajourné pendant plusieurs années, jusqu'à ce que votre budget ne sera plus dans une situation telle qu'on ne peut établir la gratuité de l'instuction primaire".

"Le collège de Laon est celui des 4 col­lèges du département qui a le moins de succès. On ne doit pas engager l'Etat à consacrer 1 500 000 frs à une entreprise inutile qui ne servira à rien".

Ont voté pour le projet les députés de l'Aisne F0UQUET, GANAULT, LESGUILLIER, MALEZIEUX, RINGUIER, SANDRIQUE, VILLAIN.

N'a pas pris part au vote : TURQUET.

 (J.0. du 7 décembre).

 

 19 DECEMBRE

Le ministre de l'Intérieur fait déposer sur le bureau du Sénat le projet de loi adopté par la Chambre des députés le 6 décembre.

 

22 DECEMBRE

Le rapport sur ledit projet de loi est déposé sur le bureau du Sénat.


28 DECEMBRE

Adoption par le Sénat dudit projet de loi :défendu par le Comte de SAINT-VALLIER :

"Le lycée de Laon est demandé depuis plusieurs années par le Conseil Général, les Conseils d'arrondissement, les municipalités. Il n'y a que le lycée excentré de Saint-Quentin pour une population dépar­tementale de 556 000 habitants. Le chiffre peu élevé de la population scolaire du collège tient à l'insuffisance du bâtiment actuel, à son état de vétusté ; il s'est même créé à Laon un certain nombre d'écoles, de pensions, où vont les enfants que ne "pourrait contenir le collège communal. Pour l'Etat, la dépense n'est pas une charge nouvelle demandée au budget, c'est l'utilisation d'une somme prévus, mise en réserve pour la création de lycées. Il y a urgence, les travaux doivent être entrepris l'an pro­chain" .

Combattu par le sénateur des Landes, de GAVARDIE :

"La discussion de ce projet doit être ajournée car il n'y a pas urgence, et priorité doit être donnée à la discussion du budger. Le département de l'Aisne a toutes les ressources scolaires qu'il peut désirer. Il y a un lycée à Saint-Quentin. Il y a une tendan­ce effrénée et véritablement folle d'une fausse pro­pagation de l'instruction dans notre pays ; le niveau de l'enseignement baisse de plus en plus à cause de cette diffusion exagérée de l'instruction "publique". Au point de vue financier, la charge en­traînera un déficit du budger de Laon".

(J.O. du 29 décembre)

A voté pour le projet : le sénateur de l'Aisne de SAINT-VALLIER ; le sénateur de l'Aisne WADDINGTON, ambas­sadeur à Londres, est absent par congé.

 

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5 JANVIER

Au J.O., promulgation de la loi tendant à autori­ser la ville de Laon à emprunter 1.018 000 frs et à s'imposer extraordinairement.

 

28 MARS

Décret du Président de la République déclarant d'utilité publique la construction d'un lycée à Laon, et autorisant en conséquence la ville à acquérir, soit à l'amiable, au prix fixé d'après une expertise contradic­toire, soit au besoin par voie d'expropriation :

1)  de l'Etat, par voie d.'échange, une parcelle de terrain de 36 ares 66 centiares,

2)  de MM. C0LIN-J0SSET et consorts, des terrains et bâtiments d'une contenance de 16 036 mètres, situés à Laon.

 

31 MARS

Arrêté préfectoral ouvrant une enquête du 3 avril au 11 avril en vue de connaître les observations sur 1'expropriation envisagée.


30 AVRIL

Jugement du Tribunal de 1ère instance de Laon pro­nonçant, au profit de la ville de Laon, l'expropriation pour cause d'utilité publique, des immeubles nécessaires à l'établissement d'un lycée à Laon et désignant un juge chargé de fixer les indemnités.

 

10 JUILLET

En l'Hôtel de Ville, à 2 H de l'après-midi, il est procédé par le maire assisté de 2 membres du conseil muni­cipal, de l'architecte départemental Georges ERMANT, et du receveur municipal, à l'adjudication des travaux de construction d'un lycée national en un seul lot, au ra­bais, sur soumissions cachetées.

Les travaux sont évalués à 1 261 218 frs 80 centimes (non compris la somme à valoir et les honoraires de l'ar­chitecte. ).

Alfred BEYNEL, entrepreneur de travaux publics à Paris, passage Saulnier, est déclaré adjudicataire moyen­nant un rabais de 6 %.


■ JUILLET

Publication dans les journaux des propositions municipales pour expropriation de terrains et bâtiments, pour la construction, rue et place Saint-Etienne : 3 propriétires (5 maisons et dépendances, jardins, terre), surface 10 548 m2 pour 160 080 frs. D'autres expropriations ont été réalisées à l'amiable.

 

30 JUILLET

Le ministre de l'Instruction publique approuve le procèsverbal d'adjudication des travaux de construction du lycée.

 

6 OCTOBRE

 

Les travaux de construction commencent :

Le premier chantier ouvert est en façade sur la "promenade du Jeu de Paume, vis-à-vis l'Ecole "Normale.

Les travaux de terrassement vont être poussés avec activité, les maisons expropriées sont évacuées en partie, les deux propriétaires avec lesquels on n'a pas pu s'entendre à l'amiable passeront dans quelques jours devant le Jury d'expropriation. Les démolitions pourront aussi être rapidement faites. Elles permettront d'ouvrir un chantier nouveau, place Saint-Etienne" .... "On espère que les ter-Cassements seront achevés au commencement de l'été prochain .... "Si tout va bien comme le désirent l'architecte et l'entrepreneur, le nouvel établis-Cément d'enseignement secondaire serait prêt à être "inauguré dans trois ans, à la rentrée des classes de 1887".

(Extrait d'un article paru dans "Courrier de l'Aisne du 11 octobre).


 Le lycée de Laon sera situé sur le terre-plein que limitent la place Saint-Etienne, l'avenue de la République et la promenade du Jeu de Paume (dont elle "emprunte même une partie du terrain) .... 2 hectares pour 350 élèves.

Le plan primitif d'ERMANT faisait au lycée une façade superbe, de très grand style. Ce n'était que fes­tons, ce n'était qu'astragales. Ce fut refusé par le ministre de l'Instruction publique : l'argent est rare, il faut le ménager .... La façade nouvelle est très simple. Nous la verrons de la place Saint-Etienne au fond de la vaste cour d'honneur qu'un mur surmonté d'une grille sépare de la voie publique.

Ce sera un établissement modèle, le type des lycées de l'avenir .... En bordure de la promenade du Jeu de Paume, réduite à l'allée qui longe l'Ecole Normale, est la cour de gymnastique et des exercices militaires, à l'extrémité de laquelle s'élève un gymnase couvert et au-dessus une chapelle (Pourquoi une chapelle ? N'y en a-t-il pas un assez grand nombre et d'assez vastes à Laon ?)".

 

(Extrait d'un article paru dans "Courrier de l'Aisne", dimanche 12 octobre).

(Les textes ci-dessus doivent être de Paul DOUMER, le futur Président de la République, rédacteur-gérant du Courrier de l'Aisne).

 

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"En faisant des fouillés pour les fondations, on a mis à jour plusieurs tombeaux en pierre, contenant des ossements et des poteries, remontant à l'époque mérovingienne".

("Le Laonnois pittoresque" de Westercamp)

 

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13 JUILLET

Un ouvrier travaillant à la démolition des maisons qui avoisinent la construction du lycée, tombe dans un escalier d'une hauteur de 3 m 50 et se blesse grièvement.

 

25 DECEMBRE

Un ouvrier peintre-vitrier occupé à poser un carreau à 1'une des fenêtres du lycée, tombe d'une hauteur de 6 mètres environ. Il est transporté à l'Hôtel-Dieu dans un état très grave.

 

-1887-


25 FEVRIER

En cours de séance, le Conseil municipal de Laon a reçu des renseignements sur la situation des travaux de construction et des ressources affectées. Malgré une aug­mentation de plus de 67 000 frs pour le prix des acquisi­tions de terrains et malgré une dépense supplémentaire de 90 000 frs pour fondations des murs de soutènement bordant la voie publique, les ressources spéciales ne présentent qu'une insuffisance de 12 à 13 000 frs qui serait couverte par un prélèvement sur les fonds géné­raux disponibles.

 

22 MAI

L'architecte Georges ERMANT dirige, dans sa visite au lycée, la Société des architectes de Reims.

 

30 JUIN

L'ouverture du lycée devant avoir lieu au commanornent d'octobre 1887, l'administration municipale rap­pelle que, par décret du 6 janvier 1883, les prix de pension et d'externat ont été fixés à :


                                      Pension     Demi-pension  Externat

Division élémentaire             700 F            400 F            80 F

Division de grammaire          750 F            450 F          100 F

Division supérieure               800 F            500 F          120 F


Si les parents le désirent, le lycée se charge de fournir le trousseau ou parties de trousseau. Le trousseai complet est de 500 F, payables en trois termes avec les trois premiers termes de la pension. L'entretien du trous­seau est à la charge de l'établissement.

La ville s'est engagée à entretenir dans son lycée, pendant dix ans, dix bourses au prix moyen de 700 F cha­que. Les familles de Laon intéressées doivent s'adresser à la mairie.

 

(Résumé d'une communication du maire GLATIGNY à la presse locale)

 

19 JUILLET

Adjudication de la fourniture du mobilier. Quatre soumissions sont déposées :

-  Lecoeur et Cie, à Paris         11 % rabais

-  André et Cie, à Paris            14 % rabais

-  Husson et Cie, à Paris          28 % rabais

-  Garcet et Nisius, rue de Rennes à Paris,avec un rabais de... 31 %

sont déclarés adjudicataires.

La dépense totale se montait à 75 957 frs, et le rabais étant déduit, le chiffre total est de 52 410 frs 35.


JUILLET

Visite du lycée par les rédacteurs de "La Tribune", du "Journal de l'Aisne", et du "Courrier de l'Aisne", sous la conduite de Georges ERMANT.

En page 2 du "Courrier de l'Aisne" du 27 juillet, (extraits) :

"La porte de la place Saint-Etienne s'ouvre sur une grande cour d'honneur où quelques arbres en enfance promettent à nos petits-neveux un ombrage bienfai­ant" .

"A gauche sont les logements du proviseur et du "censeur, le parloir ; à droite le logement de l'économe".

"Le monument central contient la bibliothèque, la "lingerie, etc...".

"Derrière la pavillon de gauche s'étend un petit jardin, le jardin du proviseur, et en bordure de l'avenue de la République, s'élève le quartier des "petits".

"Perpendiculairement au monument central, s'élèvent les deux quartiers des grands et des moyens".

"Chaque quartier, complètement indépendant, a ses études, ses dortoirs, sa cour, son préau couvert et fermé.

"A droite, dans la cour des grands, s'élève le pavillon des sciences avec son amphithéâtre, sa salle de dessin, vastes salles, bien éclairées, et son hangar pour les manipulations en plein air".

"Sur la place Saint-Etienne, à droite, se trouvent les constructions et la cour des cuisines".

"Tout au bout de l'établissement, l'infirmerie, complètement indépendante, avec sa salle commune au rez-de-chaussée, ses salles isolées au premier, chambres de bain, cabinet de consultation, laboratoire de pharmacie ; elle est placée au milieu d'un jardin ...

"En contre-bas du jardin de l'infirmerie, une cour pour les exercices militaires et la gymnastique, qui forme le rez-de-chaussée de la chapelle.

"Les réfectoires sont au nombre de trois. Ils sont reliés aux cuisines par un passage couvert et fermé. En outre, tout le long des bâtiments intérieurs, court un préau couvert qui permet de circuler à l'abri de la pluie et de la neige et qui protège les salles du rezde-chaussée contre l'humidité.

"Les classes éclairées au N-E par deux grandes baies ont été installées pour 32 élèves, huit bancs de quatre élèves ; elles sont chauffées par un calorifère installé dans les sous-sols.

 

Chaque dortoir est pour 34 élèves, 17 lits de chaque côté ; les salles sont énormes, larges et hautes ; elles prennent jour des deux côtés, et au-dessous de chaque fenêtre, à ras du sol, se trouvent des bouches à coulisses destinées à la ventilation ; en ouvrant les bouches et les fenêtres, après le départ des élèves, il n'y a pas d'odeur si persis­tante et si pernicieuse qu'elle soit, qui résiste une demiheure à une ventilation d'une telle densité. Ces bouches à coulisses se retrouvent dans les salles d'études et dans les classes.

Chaque dortoir est accompagné d'une salle de toi­lette, d'un vestiaire, d'une cordonnerie, de cabinets.

Le lit du maître d'études sera placé au milieu même du dortoir, de façon à permettre une surveil­lance incessante.

Le nouveau lycée qui s'étend sur une superficie de deux hectares (lha 97 ca exactement) a été cons­truit pour recevoir 200 internes, 50 demi-pensionnaires, 10 externes surveillés ou externes libres.

On a prévu 18 chambres de maîtres-répétiteurs, des chambres de domestiques, de cuisiniers, de lingères.

(au sous-sol), une immense galerie voûtée à arceaux de briques, éclairée à flots par des sauts-de-loup.

Un tunnel, placé le long de la galerie, fera, au moyen d'un petit chemin de fer, le service des calorifères, des vidanges, etc  Il vient aboutir à vient aboutir à un 

monte-charge débouchant sur l'avenue de la République.

Au-dessous de cette galerie, se trouve une autre galerie de soutènement, à laquelle on accède par des puits de 7 à 8 mètres de profondeur ; c'est là que se trouvent les gros piliers de soutènement, piliers gigantesques en pierre de taille...

Les derniers travaux sont poussés avec une grande activité ; il y a en effet à cette heure dans le lycée, 110 ouvriers plombiers, gaziers, peintres, ornementalistes, ravaleurs,...

(Pour la rentrée prochaine), le lycée sera prêt, il sera complètement terminé ; on pourra l'ouvrir à "la date prévue... La seule chose qui reste à faire, c'est une couche de peinture, la dernière, pour laquelle un entrepreneur de Paris demande 15 jours avec 30 ouvriers. Le mobilier scolaire qui a été soumissionné par une des plus grandes maisons de Paris, composé de tables de 4 élèves avec 2 bancs, soit un banc pour 2 élèves (sera bientôt placé).

Pour bien se rendre compte de l'importance de ce gigantesque travail, accompli en moins de trois années dans des conditions particulièrement délica­tes,  il faut avoir feuilleté comme nous les 530 planches où sont dessinés, avec des vues d'ensemble, coupes et élévations, les moindres détails de la construction.

Nous savons gré à M. ERMANT d'avoir conservé dans l'enceinte du lycée, cette vieille tour de Laon du Xlle siècle, qui couronne aujourd'hui une ceinture de créneaux (près de l'infirmerie).

On trouve un texte à peu près semblable dans "La Tribune" et dans "Le Journal de l'Aisne" où CORTILLIOT rappelle avec nostalgie ses souvenirs de collégien :

"Que nous voilà loin, par exemple, de notre poêle de corps de garde qui répandait plus de fumée que de chaleur, de nos quinquets graisseux, de la classe sans tables, meublée tout juste par la chaire du professeur et par les bancs sans dossier, sur lesquels on s'arrangeait comme on pouvait pour écrire sur les genoux, pendant qu'on déposait bravement à ses pieds livres, cahiers, casquettes...


 

12 AOUT

Par arrêté ministériel, LUQUET, censeur des udes au lycée de Lyon, est nommé proviseur (4ème classe) au lycée de Laon.

 

16 AOUT

Par arrêté ministériel, DURET, économe au lycée de Chaumont, est nommé économe au lycée de Laon.

 

29 AOUT

Pour fêter la fin de leurs travaux, les peintres qui ont travaillé au lycée, organisent, avec l'autorisa­tion du maire, une retraite aux flambeaux dans les rue de la ville.

 

2 SEPTEMBRE

Nomination de personnel au lycée, où la rentrée est fixée au 10 octobre :

PREVOT               surveillant général (emploi nouveau)

TELLIEZ                préparateur de physique (emploi nouveau)

NIDOUX                professeur de dessin

DIEFFENTHALER  professeur de gymnastique

BOUCRY               maître répétiteur

GUERIN                  "

STOQUART            " "

BROCHART            " "

BEGUIN                 " "

 

SEPTEMBRE

Par décision ministérielle, DUPONT (professeur au collège de Laon) est chargé de cours de mathématiques (2ème chaire) au lycée.


3 SEPTEMBRE

Par décision ministérielle, CHEMET, principal du collège de Laon transformé en lycée, est nommé principal du collège de Compiègne.

 

14 SEPTEMBRE

L'administration du lycée commence à passer ses marchés. La fourniture des vêtements pour les lycéens est donnée à Maurice CAHEN, de Paris.

 

SEPTEMBRE

 Nomination de personnel :

DORLET Victor   agrégé, professeur de mathématiques (1ère chaire)


COURTOIS (professeur au collège de Laon) chargé de cours de mathématiques (enseignement secondaire spécial)

 

LAUREAU agrégé, professeur de physique (enseignement secondaire spécial)

 

17 SEPTEMBRE

"Le Génie Civil" publie sous la signature de Claude MANCEAU, la monographie la plus complète et la plus oxacte du nouveau lycée de Laon avec planches et dessins.


20 SEPTEMBRE

Le maire de Laon et les adjoints ROUSSEAU et DUSSAUSSOIS, accompagnés de l'avocat Gaston GANAULT, député et membre du conseil municipal, sont reçus par SPULLER, Ministre de l'Instruction publique, qui accepte de présider 1'inauguration du lycée national, et en fixe la date : mercredi 12 octobre.

 

14 SEPTEMBRE

 Nomination de personnel :

LEFEVRE      agrégé (professeur au collège de Laon) professeur de philosophie.

SCHROEDER agrégé, professeur de rhétorique.

DAMAS         agrégé de lettres, professeur de seconde.

LEMOINE      professeur de troisième.

CHAUMONT  agrégé de grammaire, élève sortant de Normale Supérieure, professeur de qua­trième (à titre provisoire).

ROGER         agrégé de grammaire, professeur de cin­quième .

CHAUVIN      chargé de cours de sixième.

LORQUET     professeur d'histoire.

FRANÇAIS    (professeur au collège de Laon) chargé de cours d'allemand.

ELWALL       chargé de cours d'anglais.

HAVEL         agrégé de l'enseignement spécial, professeur de lettres (à titre provisoire).

QUENIN       (professeur de rhétorique au collège de Laon) chargé de cours d'enseignement secondaire spécial (lettres).

 

22 SEPTEMBRE

Par arrêté ministériel, GOUDEMENT est nommé char­gé de cours de physique.

 

30 SEPTEMBRE

 Communiqué à la presse :

"L'architecte du lycée informe ses concitoyens que l'administration du lycée étant à son poste, c'est à M. le Proviseur que devront être adressées les demandes de visite de l'établissement".

 

1er OCTOBRE

Le docteur BLANQUINQUE est   nommé médecin du lycée.

 

2 OCTOBRE

"La Lanterne", quotidien radical intransigeant de Paris, publie une dépêche datée Laon, 30 septembre : selon un bruit courant en ville, M. GLATIGNY, maire de Laon, abandonnerait la mairie après l'inauguration du lycée  fixée au 12 octobre. Motif invoqué par le maire : son âge, 74 ans ; pour La Lanterne, son répu­blicanisme étant devenu de plus en plus suspect aux yeux des vrais républicains, son échec est certain "aux prochaines élections municipales de 1888".

 

7 OCTOBRE

Le préfet PROUD'HON accepte la démission de maire et de conseiller municipal de GLATIGNY et celle de premier adjoint et de conseiller municipal de ROUSSEAU.

Pour "Courrier de l'Aisne", le Préfet a été vexé de n'avoir pas été prévenu de la démarche faite par GLATIGNY, ROUSSEAU, DUSSAUSSOIS et GANAULT, auprès du ministre de l'instruction publique, pour lui offrir la présidence de l'inauguration du lycée : "Le texte de la "lettre du Préfet exprimant sa surprise est une injure pour le maire".

Pour "Le Journal de l'Aisne", c'est une singulière façon de récompenser le dévouement d'un maire que de la pousser à bout sur une mesquine question de forme. C'est à GLATIGNY que Laon doit d'avoir un lycée, il a préparé l'opération, il en a recherché avec habileté et prudence les voies et les moyens.

Pour "La Tribune de l'Aisne", le Préfet est un courageux républicain en butte aux manoeuvres déloyales de réactionnaires acharnés à sa perte.


8  OCTOBRE 

Opinion de la presse locale : L'inauguration officielle du lycée est compromise.


9  OCTOBRE 

L'inauguration est renvoyée à une date ultérieure, le ministre de l'Instruction publique, qui ne désire pas se trouver mêlé à un conflit, annule sa visite.

 

LUNDI 10 OCTOBRE

Fin d'après-midi, rentrée des pensionnaires (Pour "Courrier de l'Aisne", "une centaine, 93 croyons-nous savoir" - Pour l'archiviste René ROBINET, à l'Assemblée Générale des Anciens Elèves de 1967 : 125).

 

MARDI 11 OCTOBRE

Rentrée des demi-pensionnaires, des externes sur­veillés (une trentaine) et des externes simples (fort nom­breux) .

 

MERCREDI 12 OCTOBRE

Ouverture des cours (aux 228 élèves, d'après ROBINET).

 

DIMANCHE 16 OCTOBRE

La chapelle du lycée est consacrée, en présence des élèves, par l'abbé MIGNOT, vicaire général à Soissons.


- 1 8 8 8 -


Dans le cadre de la semaine des Fêtes de Laon (20/27 mai), qui voit :

-  un concours régional agricole (toute la semaine)

-  un concours de musiques d'harmonie et de fanfa­res (20 mai)

-  un concours d'orphéons (21 mai)

-  un concours de tir (22/27 mai)

-  une exposition d'horticulture (23/27 mai)

-  1'inauguration du tramway de la ville à la gare (21 mai)

-  un grand banquet en 1'honneur du Président du Conseil,


Le dimanche 27 mai a lieu, à 3'H. de l'après-midi (prévue à 2 H. sur le programme officiel) l'inauguration du lycée par L0CKR0Y, Ministre de l'Instruction publique, en présence de FLOQUET, Président du Conseil.

Dans la Cour d'Honneur (estrade pour une centaine de personnes, soldats débordés par la foule qui veut entrer, d'où fermeture des portes) :

-  discours de B0NN0T, maire de Laon (qui rappelle la part qui revient à GLATIGNY dans la construc­tion du lycée)

-  discours du Recteur de l'Académie de Douai

-  discours de LOCKROY (très politique).

 

Le ministre remet la palme d'Officier d'Instruc­tion publique à l'architecte ERMANT (1), et, après la visite du lycée, donne aux élèves une journée de congé qui viendra s'ajouter au congé du 14 juillet


 

CENT ANS D'EXISTENCE 1887 - 1987


Témoignage de Jean BRUNETEAUX Vice-président de l'Association Amicale des Anciennes et Anciens Elèves des Collèges et Lycée de Laon.

 

Que de discussions et de tergiversations ont mar­qué la "gestation" puis la réalisation de notre cher lycée. Et que de péripéties marquèrent le siècle qu'il traversa depuis.

Le rapport très documenté et très clair de notre camarade Bernard TOUPET, qui précède, se lit comme un roman.

Les interminables discussions, les hésitations et les polémiques qui ont freiné plus de deux ans sa mise en route, les trois années mises à l'édifier, tout cela reste d'une brûlante actualité. Décidément, il n'y a rien de chan­gé en ce domaine...

C'est en 1919, au lendemain de l'horrible tuerie, que j'ai fait connaissance avec notre lycée, notre "bahut". Il avait servi d'hôpital, tout comme l'Ecole Normale, témoignant de 1'apreté des combats qui se déroulèrent sur le Chemin des Dames. La plupart de ses murs étaient in­tacts, mais les classes étaient vides et il ne restait plus un carreau aux fenêtres ; les morceaux en jonchaient le sol et, plusieurs années après, la moindre coupure au doigt, la moindre égratignure au genou (on jouait beaucoup aux billes dans la cour) nous conduisaient directement à 1'infirmerie pour y recevoir une terrible piqûre antitéta­nique dans le ventre. J'en tremble encore si longtemps après.

Les salles de classe étaient sommairement meublées de tables bancales, les carreaux étaient en papier huilé et, le soir, à l'étude, on s'éclairait aux chandelles.

C'est dans ces conditions qu'en culottes courtes, au milieu de "grands" retardés par la guerre, j'ai vécu mes premières années de potache.

Au fil des années, les conditions matérielles s'améliorent : nouveaux meubles, casiers neufs, matériel didactique plus abondant... Le lycée renaissait...

Des professeurs de 1888 dont TOUPET rappelle les noms, certains me furent familiers : le "père" Béguin, qui surveillait nos études le soir ; M. Laureau, profes­seur de physique et, surtout, notre cher père Dupont qui enseigna les maths à des générations et des générations de "Bourgeois de Molinchart".

Au fur et à mesure que je grandissais (toujours en culottes courtes), je changeais de classe. Je changeais de professeurs. Tous n'étaient pas inamovibles comme le père Dupont ou "Nénette" qui lui succéda. C'étaient, ce furent toujours de remarquables pédagogues mais qui n'acceptaient de venir à Laon qu'avec l'espoir d'être nommés à Henri IV ou à Louis-le-Grand.

 

Mais en attendant, c'est Roger Ferdinand, président de la Société des Auteurs dramatiques, qui nous en­seignait l'anglais, Stoupan, la rhétorique, et Cuvillier, qui faisait autorité parmi les philosophes de son temps, nous dévoilait les arcanes de la sociologie, son domaine favori.

Après eux, il y eut Sartre, puis Uri ; avant, Bitot, notre regretté président, avait connu Farigoule, alias Jules Romains, qui continua à faire sa classe sous 1'occupation allemande...

Chaque fin d'année scolaire était ponctuée par la distribution annuelle des prix qui se déroulait sous une tente dressée dans la cour de gymnastique. Les "Violoneux" du "Père" Jacob attaquaient "La Marseillaise à l'arrivée du préfet, du maire et de l'inspecteur d'aca demie. Suivaient en toges les professeurs, arborant des hermines de couleurs différentes suivant leur discipline Puis on procédait à la lecture du Palmarès ...

A l'époque, c'était mon père qui l'imprimait et l'on me pressait de tous côtés pour que j'en dévoile, quelques jours à l'avance, le contenu. "Secret profes­sionnel", disais-je à mes copains, et je gardais le secret jusqu'au jour de la proclamation.

 

*************

J'ai quitté le lycée en 1928. D'année en année, j'avais vu croître ses effectifs et accroître ses succès.

Le hasard — mais est-ce le hasard ? — a voulu que je sois élu conseiller municipal sept ans après. Mes collègues m'envoyèrent alors siéger au Conseil d'Adminis­tration. Je devais y rester plus de trente ans.

Aussi, lorsqu'on me demandait, à soixante ans passés, "mais où avez-vous fait vos études ?", je répon­dais malicieusement "au lycée de Laon, que je n'ai jamais quitté depuis".

Occupé à nouveau durant la seconde guerre mon­diale, le lycée faillit brûler lors du violent bombarde­ment qui, en mai 1944, détruisit l'Hôtel-Dieu et endom­magea l'église Saint-Martin.

Le voici aujourd'hui centenaire, toujours debout, toujours alerte. En 1888, il accueillit 228 élèves ; en 1987, il en reçoit 1 200 ... Comme on ne pouvait pas en écarter les murs, on l'a surélevé. Tous les greniers sont devenus dortoirs, tous les dortoirs sont devenus salles de classe.

Sa dénomination même a changé. Il est devenu le C.E.S. des Frères Le Nain et on n'y forme plus des ba­cheliers, mais littéraires et manuels y cohabitent sans se mélanger.

**************

J'ai essayé maladroitement, de compléter le savant et austère dossier de notre ami Toupet, en donnant un peu de vie à ces murs de briques qui ont vu défiler, travailler et jouer, tant et tant de générations de potaches.

Ayons une pensée émue pour l'ancien maire, Glatigny, auquel nous devons sa création, et à Georges Ermant, l'architecte qui en assura la conception et la réalisation.

 

Car même centenaire, le Lycée de Laon demeure et demeurera toujours à nos yeux d'enfant, le plus beau et le plus grand.

 

Jean Bruneteaux.


Naissance de l'Association des anciens élèves

du Collège et du Lycée de Laon


LE 14 OCTOBRE 1888, à l'initiative de l'avocat et député Gaston GANAULT et du Docteur HUGOT, des anciens élèves du collège municipal, réunis au nouveau lycée, après avoir discuté les articles des statuts d'une Association ami­cale des anciens élèves du collège et du lycée de Laon, nomment une commission chargée de sa mise sur pied. Elle est composée de MM. Hugot, Dupont, Coffignon, Berthault, Ganault, Dominé, Magrah fils, Lalouette, Gunel, Lebeau, Lucquet.

 

DES LE 25 OCTOBRE, la Commission nomme son bureau : Président, Docteur Hugot ; vice-président, Docteur Coffignon ; secrétaire, Dupont, professeur au lycée ; trésorier-archiviste, Lucquet, proviseur du lycée.

L'Association compte déjà cent dix adhérents. Il est convenu qu'une assemblée générale suivie d'un ban­quet sera convoquée dans le courant du mois de mai pro­chain .

 

LE DIMANCHE 2 JUIN 1889, à deux heures de l'après-midi, s'ouvre la première assemblée générale de l'Association, sous la présidence du Docteur Hugot.

Ce dernier rappelle l'esprit qui a amené les anciens élèves du collège et du lycée à se regrouper :

"S'associer pour tendre la main, donner aide et "protection à d'anciens camarades, aux anciens fonction-"naires du collège et du lycée, à leurs veuves et leurs enfants, exercer un patronage sur les élèves qui ont "besoin d'appui au début de leur carrière, etc, etc.."

 

"Prouvons notre zèle et notre bonne volonté par "notre poursuite incessante à trouver de nouveaux adhé­rents, c'est-à-dire de nouvelles cotisations."

 

Et de conclure : "Permettez-moi d'accomplir un de-'.'voir qui doit être sacré pour nous. Il est un usage en "France qui a toujours été pieusement respecté, même aux "plus mauvais jours de notre histoire : c'est le culte des morts. Disons donc un dernier adieu à nos camarades disparus."

 

L'Assemblée Générale est suivie d'un banquet. Le premier est présidé par Ernest Lavisse, professeur à la Sorbonne, ancien élève du collège, dont il fut pension­naire dè la sixième à la quatrième.

Le thème de son discours est facile à deviner.: Evocations de souvenirs de pensionnaires, portraits de professeurs, images de Laon....


Les activités de l'association furent interrompues une première fois par la guerre de 1914 et a nouveau par la guerre de 1939 et ce jusqu'au 4 juillet 1948 date de sa remise en route laquelle fut largement favorisée par le Proviseur en exercice Mr Mayérus aidé dans cette tâche par Pierre Ricadat.

En 1973, le Lycée étant devenu mixte est transféré au Lycée de Jeunes Filles Place Foch. Il devient Lycée Paul Claudel. Devant cette nouvelle situation, les respon­sables des deux associations, anciennes Elèves du Collège et Lycée de jeunes filles de Laon, et, anciens Elèves du Collège et Lycée de garçons de Laon décident de proposer la fusion des deux associations.

L'assemblée générale unique du 20octobre 1974 se prononce pour la fusion.

Les nouveaux statuts sont adoptés à l'unanimité. Un nouveau conseil d'administration rassemblant des membres des deux anciennes associations est constitué et élit son bureau.

Depuis cette assemblée générale "historique" du 20 octobre 1974 le bureau de notre association a conservé la confiance de tous ses membres.

Nous rappelons ci-dessous sa composition :

Président :    Pierre Meurisse

Vice Présidentes : Mme Suzanne Martinet Goulard

Mlle Madeleine Pringuet

Vice Présidents :Jean Bruneteaux Pierre Ricadat

Secrétaire : Mlle Andrée Dessery

Secrétaire adjoint : Yves Brès

Trésorier :André Drouillat

Trésorier adjoint : Mlle Jacqueline Amand

 

Adresse actuelle de l'association amicale des anciennes et anciens Elèves des collèges et Lycée de Laon

Lycée Paul Claudel Place Foch LAON 02000